Films

Johnnie Burn, concepteur sonore de « The Zone of Interest », révèle les secrets de la création d’un paysage sonore infernal

Le scénariste et réalisateur Jonathan Glazer est connu pour sa créativité audacieuse et ses images inoubliables qui s’incrustent profondément dans notre psyché. Parmi ses œuvres les plus marquantes, on peut citer Under the Skin de 2013, un film riche en scènes mémorables. Si une seule devait être retenue, ce serait probablement la scène silencieuse sur une plage écossaise où l’extraterrestre incarné par Scarlett Johansson abandonne un couple à la noyade tout en laissant leur bébé crier sur le rivage.

Johnnie Burn, designer son de The Zone of Interest et vieux complice de Glazer, souligne l’influence d’Under the Skin dans l’industrie, citant notamment Jordan Peele et Yorgos Lanthimos parmi ses fans. Avec The Zone of Interest, Glazer et Burn nous offrent une nouvelle série de moments cinématographiques indélébiles.

Adapté du roman de Martin Amis, le film suit le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss (Christian Friedel), son épouse Hedwige (Sandra Hüller) et leur famille qui tentent de mener une paisible existence familiale juste à côté des horreurs du camp de concentration. Capturer l’ambivalence de cette situation a été un défi de taille relevé par Burn.

Pour créer ce paysage sonore si particulier, Burn a dû s’immerger pendant un an dans un travail d’enregistrement et de mixage minutieux, confrontant l’acoustique effroyable qui entourait une famille s’efforçant d’ignorer les atrocités à portée d’oreille. Tout le processus a nécessité de nombreuses recherches et, surtout, une grande précision dans la reconstitution sonore de l’époque.

L’approche naturaliste de Glazer impose à ses acteurs de jouer dans des conditions réalistes. Pour cela, le réalisateur a compté sur son directeur de la photographie Lukasz Zal pour installer des caméras en continu dans toute la maison, créant ainsi une atmosphère digne du véritable domicile des Höss, dont une réplique a été construite en Pologne pour le tournage.

Le travail de Burn ne se limitait pas à enregistrer les dialogues des acteurs, mais consistait également à capturer tous les bruits courants d’une maison ou vernaculaires de la vie quotidienne, afin de renforcer la crédibilité de l’environnement domestique.

A cela s’ajoute le défi de créer un paysage sonore infernal crédible provenant de l’autre côté du mur du camp de concentration, un travail titanesque pour lequel Burn a constitué un document de 600 pages regroupant toutes ses recherches, et a fait parcourir l’Europe à son équipe pour enregistrer des émotions extrêmes et les différentes langues qui auraient été parlées dans le camp à l’époque.

Les sons sont ainsi soigneusement positionnés en fonction de leur source d’origine dans le camp, reconstituant fidèlement la propagation des ondes sonores sur différentes distances. Cette minitieuse répartition du paysage sonore renforce le réalisme de l’expérience cinématographique.

La Zone of Interest est un film poignant qui met en lumière la tentative déchirante de la famille Höss de mener une vie « normale » à l’ombre des atrocités d’Auschwitz, brillamment retranscrite grâce au travail exceptionnel de Jonathan Glazer et de son équipe.

Laissez un commentaire

Aucun commentaire encore
  • Merci d'éviter tout message insultant/offensant pour la page Johnnie Burn, concepteur sonore de « The Zone of Interest », révèle les secrets de la création d’un paysage sonore infernal si vous souhaitez être publié.