Dans le film « A Different Man« , réalisé et écrit par Aaron Schimberg, nous assistons à une scène particulière où les protagonistes, Edward et Ingrid, joués respectivement par Sebastian Stan et Renate Reinsve, dînent dans un restaurant. Un homme passant devant l’établissement marque un arrêt pour saluer Edward à travers la fenêtre. L’étonnement d’Ingrid est palpable, l’interrogeant sur sa connaissance de cet homme.
Edward, souffrant d’une sévère déformation du visage, explique que ce genre de situation lui arrive fréquemment. Les gens lui adressent fréquemment des signes de la main dans la rue. C’est un des nombreux moments qui touchera profondément les spectateurs handicapés dans « A Different Man« .
Schimberg avait déjà abordé avec finesse la thématique du handicap dans son précédent long-métrage de 2018, « Chained for Life« . Mais ici, il va plus loin, offrant une vision renouvelée et différente, en grande partie grâce à A24 qui projette le film, premièrement présenté au Festival du film de Sundance.
L’introverti Edward est un personnage qui correspond à la représentation stéréotypée de l’homme handicapé dépressif. Après une belle rencontre avec Ingrid, il s’imagine qu’elle ne pourra pas être intéressée à cause de son handicap. C’est alors qu’il décide d’essayer un traitement expérimental promettant de corriger son anomalie faciale.
Le scénario s’anime particulièrement lorsqu’Edward commence à subir les effets du traitement, prenant des allures de film d’horreur à la David Cronenberg. Les effets secondaires sont tels que des morceaux du visage d’Edward tombent, finissant par lui donner l’apparence de… Sebastian Stan. Il n’y voit que le début de la folle aventure que va nous faire vivre Schimberg avec « A Different Man« .
D’un autre côté, le film ose poser des questions plus profondes sur le fait d’être attrayant ou non, la misogynie, le capacitisme et sur qui a le droit de raconter l’histoire des personnes handicapées.
La spectatrice assiste à la transformation d’Edward, qui, malgré son nouveau visage, ne change pas pour autant. Sa démarche, sa timidité, son attitude restent les mêmes.
C’est là qu’intervient Oswald, interprété par Adam Pearson, un personnage charismatique et sociable malgré sa déformation faciale, contrairement à Edward. En dépit de sa performance éclatante, la présence de Renate Reinsve semble un peu superflue.
Bien que la fin du film semble quelque peu brouillonne et hésitante en ce qui concerne le parcours d’Edward, « A Different Man » reste une exploration fascinante de l’humanité, portée par le duo formé par Sebastian Stan et Adam Pearson.
Leur complicité à l’écran est telle que nous aimons à imaginer la voir se renouveler dans de futurs projets. En dépit de quelques déceptions, « A Different Man« , dont la sortie est prévue chez A24, vaut vraiment la peine d’être découvert. Vous pouvez retrouver l’ensemble de notre couverture de Sundance ici.