« Dealeur diplômé de l’Ivy League », voilà comment ceux qui ne connaissaient pas Rob Peace ont probablement décrit celui-ci à sa mort en 2011. Mais pour ceux qui ont lu l’ouvrage de succès de Jeff Hobbs, son ami et colocataire à l’université, intitulé « The Short and Tragic Life of Robert Peace: A Brilliant Young Man Who Left Newark for the Ivy League » publié en 2014, leur regard sur lui a sans doute changé. Et maintenant, cela devrait être également le cas pour ceux qui verront le film « Rob Peace », réalisé et adapté par Chiwetel Ejiofor, nommé aux Oscars pour « 12 Years A Slave » la même année que la sortie du livre.
Ejiofor, qui interprète aussi le rôle du père de Peace, Skeet Douglas, veut exprimer tout ce qu’a traversé Peace et qui a contribué à sa fin tragique. La chanson « It’s like a jungle sometimes » du classique hip-hop « The Message » de 1982 de Grandmaster Flash et The Furious Five, donne le ton non seulement au film mais aussi à la vie de Peace. L’histoire commence par une tragédie, un incendie qui, nous dit-on, a tout changé pour lui. Enfant (Jelani Dacres), bien que ses parents ne soient pas ensemble, son père est une grande présence dans sa vie.
Intelligent comme un fouet, Rob, ou Shaun comme on l’appelle alors, est une fierté pour son père. Quand son père est accusé de crimes qu’il dit ne pas avoir commis et est ensuite incarcéré, la vie de Rob change abruptement. C’est le début d’une série d’événements qui conduiront à sa disparition. Afin que son fils ne finisse pas mort ou en prison, Jackie, sa mère, travaille sans relâche pour lui permettre d’aller dans un lycée privé, St. Benedict. Il y développe ses talents et se fait des amis de toujours, Curtis et Tavares.
Même s’il rêve de devenir scientifique, il n’oublie pas pour autant son père et travaille secrètement sur son cas, avec succès et revers. L’admission de Rob à Yale n’est pas le fruit des quotas raciaux, c’est sa faculté à réussir avec aisance, malgré plusieurs emplois à côté, un poste dans une équipe sportive et une vie sociale bien remplie, qui le distingue. Cependant, l’ombre de l’incarcération pèse toujours lui, surtout face à une vie qui s’avère plus difficile qu’il ne l’avait prévu.
Comme beaucoup d’autres hommes de son quartier, le trafic de drogue devient la seule banque à laquelle Rob a accès. Mais contrairement à ce que la société tend à croire, lui et les autres ne se tournent pas vers elle par facilité, c’est souvent la seule option qui se présente à eux.
Inconscient du jugement que porte Yale sur les enfants pauvres issus de quartiers défavorisés, Hobbs, le colocataire de Rob, ne comprend pas pourquoi Rob lui a caché l’incarcération de son père. De son côté, Naya (Camila Cabello), la petite amie de Rob, lui exprime son désarroi face à la situation dans laquelle son père l’a mis. C’est là que le réalisateur, Ejiofor, nous challenge à refaire nos conceptions du lieu et du sort du succès.
« Rob Peace » n’est pas l’histoire d’un vulgaire « dealeur de l’Ivy League », mais celle d’un être humain qui méritait bien plus que ce que la société lui a réservé. Le film a été présenté à Sundance. Retrouvez toute la couverture de Sundance sur notre site.