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Un écrivain américain soutient que le terme raciste ‘N-Word’ peut être ‘inoffensif’ dans certaines situations

Percival Everett, auteur célèbre et concepteur du livre « Erasure » daté de 2001 et adapté en film sous le titre « American Fiction » l’année dernière, revient sur la scène littéraire avec un nouvel ouvrage. Ce dernier, intitulé « James : A Novel », est une réinterprétation des fameuses « Aventures de Huckleberry Finn » de Mark Twain, racontées du point de vue de Jim, l’esclave noir et ami de Huck, que Finn tente d’aider à fuir.

L’écrivain s’est récemment confié à Martha Teichner de CBS sur ses opinions concernant ceux qui avaient interdit le premier « Huckleberry Finn ». Il les a défini comme « des personnes minuscules et effrayées, cherchant à contrôler un monde hors de leur portée ». Cette problématique des livres interdits est d’actualité, notamment lorsque l’on sait que « Les Aventures de Huckleberry Finn » ont été maintes fois bannies aux États-Unis pour diverses raisons, dont l’usage de termes polémiques et une démarche critique envers le racisme.

Interrogé par Teichner sur la possibilité que « James » rencontre une opposition comparable, Everett a répondu sans détour : « Oh, certainement. Probablement pour plus de raisons que je n’aurais pu anticiper. » Il déclare ensuite que la seule présence d’un terme malheureux peut suffire à rendre un livre tel que « Huck Finn » banni, malgré le fait que son utilisation prenne sens dans le récit. Une démarche qu’il juge ironique.

Il souligne en effet que sans ce mot, il serait impossible de comprendre l’histoire telle qu’elle est exposée. Il serait ainsi impossible de saisir le caractère des oppresseurs de Jim et de sa famille. « Ceux qui cherchent à interdire ce livre, disons-le, ne l’ont probablement pas lu. S’ils l’ont lu, ils n’ont sûrement pas su le comprendre », rajoute l’auteur.

Everett s’est aussi exprimé sur les récentes mesures conservatrices prises par l’État de Floride, sa législation sur l’interdiction des livres en particulier, ou encore son refus de reconnaître l’existence passée de l’esclavage. « Pour ces raisons, la Floride devrait probablement bannir « James », » affirme t-il.

Publié pour la première fois en 1885, « Les Aventures de Huckleberry Finn » a été banni dès sa parution, puis interdit quelque part chaque année depuis. Il y a 20 ans, à cause d’une anecdote mettant en scène le personnage principal se grattant, la Bibliothèque publique de New York a banni le livre.

Mark Twain, l’auteur, s’était félicité de cette interdiction, sûre de la faire davantage désirer. Le Free Speech Center de la Middle Tennessee State University (MTSU) qualifie l’interdiction de livres comme « la forme de censure la plus courante aux États-Unis », en précisant que la littérature enfantine est le plus souvent censurée. Les plaintes proviennent généralement des parents, des conseils scolaires et des groupes d’intérêt public.

En 2022, le New York Times indiquait une multiplication des efforts visant à interdire des livres aux États-Unis. L’American Library Association (ALA) a signalé 330 demandes d’interdiction de livres pour la même année, où chaque contestation pouvait englober plusieurs livres.

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