Dans le cadre de notre traditionnelle revue “Meilleur de l’année”, nous revenons sur certaines de nos interviews marquantes de ces derniers mois. Notre attention s’est portée en particulier sur le travail de la costumière Holly Waddington, à l’œuvre sur le film « Poor Things ». C’est une référence visuelle surprenante qui a guidé sa création : un pantalon gonflable conçu par Harikrishnan, un diplômé du London College of Fashion.
Alors même que le décor du film est ancré à la fin du XIXe siècle, cette référence atypique a conduit Waddington à ignorer les contraintes temporelles et spatiales. « J’ai conçu une série d’éléments basés sur l’idée d’inflation et de compression », explique-t-elle, ajoutant que ses propositions ont été pour le moins audacieuses.
Les vêtements singuliers de Waddington s’inscrivent parfaitement dans l’histoire à rebondissements de Poor Things. L’intrigue évoque le roman « Frankenstein » et suit le parcours de Bella Baxer (interprétée par Emma Stone) qui, grâce à un scientifique victorien un tantinet fou, redécouvre le monde.
Le choix vestimentaire progressif de Bella est le reflet de son apprentissage. Si une robe de poupée paraît être son premier vêtement, sa garde-robe devient bien plus élaborée à mesure qu’elle explore le monde et développe ses propres idées su la façon de vivre.
Le style de Waddington, au parcours artistique déjà riche (Lady Macbeth, The Great de Hulu), évoluera au cours du film et se raffinera après des réunions de brainstorming au cours desquelles d’autres éléments visuels seront intégrés. La palette de couleurs du film s’avère riche et élaborée, ce qui fait de Poor Things un candidat sérieux pour les Oscars.
Pour Poor Things, Waddington a surtout misé sur la texture – des textures prononcées dans les vêtements, des éléments qui semblaient organiques, des pièces qui semblent soufflées. La sophistiquée Emma Stone, dont le personnage Bella Baxter est spécialement habillé en costumes richement texturés de son choix, donne vie à certains looks marquants comme les bottes à bout ouvert.
Même si integrer des éléments d’époque pour un drame historique représente toujours un challenge, Waddington a réussi à recréer des tenues en tissus traditionnels que les Victorians auraient utilisées. Par ailleurs, avoir recours à des matières comme le polyuréthane et le latex ajoute une couche moderne à une production anciennement établie.
Lorsque Bella commence à partir en aventures à Lisbonne et Paris, la palette visuelle du film devient d’une richesse sans pareil, très vivante et saturée. Les costumes jaune vif et bleu ciel semblent en parfaite harmonie avec le décor orné et les cieux trop éclairés.
Le film Poor Things, avec sa splendeur visuelle exubérante et sa prise audacieuse sur la mode d’époque, devrait être un réel régal pour les cinéphiles lorsqu’il sortira le 8 décembre.
Image en vedette : Emma Stone dans POOR THINGS. Avec l’aimable autorisation de Searchlight Pictures. © 2023 Searchlight Pictures Tous droits réservés.