Si vous vous penchez sur le court métrage d’action « Rouge, Blanc et Bleu », nominé aux Oscars, vous serez probablement en mesure de saisir le moment précis et les raisons de sa création. Ce film poignant de 23 minutes raconte l’histoire d’une mère célibataire (jouée par Brittany Snow) qui avec ses deux enfants, doit traverser les frontières de son État pour se faire avorter. Il semble directement inspiré par la décision de la Cour Suprême des États-Unis prise en juin 2022, le cas Dobbs contre Jackson Women’s Health Organization qui a balayé le droit à l’avortement établi près de 50 ans plus tôt par Roe contre Wade.
La réalisatrice Nazrin Choudhury a confié que l’idée lui est venue précisément à ce moment. « Il a été rédigé en juillet, juste après cette décision, et de nombreux articles de presse ont fait état des conséquences et des impacts directs sur la vie de beaucoup de personnes », a-t-elle déclaré lors d’un entretien. Elle admet avoir été personnellement touchée par la question, son propre accouchement ayant été rendu possible grâce à une intervention médicale qui garantissait la viabilité de sa grossesse.
Choudhury avait prévu de se lancer dans la réalisation lorsqu’elle était à l’école en Grande-Bretagne. Cependant, elle a été déviée de cette voie initiale par des offres d’écriture pour la télévision britannique. Cette orientation a persisté lorsqu’elle a déménagé aux États-Unis et a travaillé sur des émissions comme « Fear the Walking Dead », mais elle a décidé de se recentrer sur la réalisation une fois qu’elle a eu le scénario de 10 pages pour « Rouge, Blanc et Bleu ».
Au cours du processus de création, elle a dû jongler avec de multiples responsabilités à la fois, en tant que réalisatrice, écrivaine et productrice. Elle mentionne notamment que sa maison a été transformée en département de costumes avec des essayages et ses enfants jouant aux hôtes. « C’était vraiment le summum de l’indépendance », plaisante-t-elle.
Le court-métrage a retenu l’attention pour un twist dévastateur survenant tardivement, mais Choudhury réfute l’idée que ce soit un « rebondissement ». Pour elle, il s’agit plutôt de la véritable histoire qui se dévoile enfin, posant des questions essentielles sur le jugement, les préjugés et finalement, l’empathie.