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Nisha Pahuja, réalisatrice du film « To Kill a Tiger », revient sur son parcours de huit ans pour réaliser son documentaire nominé aux Oscars

À l’occasion des Oscars de cette année, une histoire digne de Cendrillon a retenu l’attention des médias: la nomination à la catégorie du Meilleur Documentaire du film « To Kill A Tiger », dirigé par la réalisatrice Nisha Pahuja. Ce projet indépendant, qui a demandé huit ans de travail à la petite équipe conduite par Pahuja, retrace le combat d’un père, dans un village rural et pauvre de l’Inde, pour obtenir justice après le rapt et l’agression de sa jeune fille de 13 ans par trois hommes.

« Cela ne m’a pas encore vraiment frappé », confie Pahuja, en parlant de ce qui va être son premier voyage aux Oscars le 10 mars. Le film a été financé de manière indépendante, sans l’appui d’un grand studio de cinéma ou d’une plateforme de streaming. Pourtant, « To Kill A Tiger » a reçu de nombreuses acclamations de la part des critiques et a été primé dans divers festivals, ce qui a contribué à sa reconnaissance.

Mais pour la réalisatrice canadienne d’origine indienne, l’objectif principal du film a toujours été « une question d’impact ». Comment utiliser le film pour apporter du changement, défendre les victimes de violences sexuelles et encourager les hommes à soutenir les femmes et les filles?

« To Kill A Tiger » suit les efforts de justice de Kiran (un pseudonyme) et de ses parents, avec l’aide de militants de la Fondation Srijan, une organisation de défense des droits humains. Le père de Kiran, Ranjit, va à l’encontre de la culture tribale patriarcale, qui blâme souvent la victime en cas d’agression sexuelle. L’un des villageois suggère même que Kiran se marie avec l’un de ses agresseurs pour maintenir la paix dans la communauté.

Au fil du temps, Pahuja et son équipe, y compris le directeur de la photographie et son époux, Mrinal Desai, et leur technicienne du son habituelle en Inde, Anita Kushwaha, ont réussi à nouer des liens de confiance avec la famille de Kiran. Le film donne également la parole à certains villageois antagonistes, sans pour autant les diaboliser, malgré leurs vues répréhensibles sur les agressions sexuelles.

Il faut noter que le film a été bien accueilli par Ranjit et sa famille, ainsi que par quelques villageois qui étaient initialement opposés à celui-ci. « La famille est venue au Royaume-Uni pour des projections à Londres et Birmingham. C’était simplement incroyable pour tout le monde : le public, moi et eux. Je n’oublierai jamais cette soirée-là. », raconte Pahuja.

Cela serait tout aussi gratifiant pour Pahuja si Ranjit pouvait l’accompagner à la cérémonie des Oscars. « Il viendra si nous réussissons à obtenir son visa à temps. Je pense que, d’une certaine manière, lui et sa famille sont la raison pour laquelle nous sommes ici », déclare-t-elle. « Sans leur bravoure et leur courage, nous n’aurions pas cette histoire à partager avec le monde. »

Image vedette : une scène de « To Kill a Tiger ». Avec l’aimable autorisation de l’Office national du film du Canada.

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