Carol Littleton, l’une des lauréates des Governors Awards de mardi soir organisés par la Motion Picture Academy, représente une donnée intrigante. En effet, elle est monteuse de films, un métier qui historiquement a été largement dominé par les hommes. Ces derniers ont été nominés et ont remporté environ 86 % de tous les Oscars du montage. Cependant, seules trois personnes ont été honorées par un Oscar honorifique pour leur travail de montage, et toutes trois sont des femmes.
Margaret Booth, qui a débuté sa carrière chez DW Griffith et a travaillé jusqu’à l’âge de 80 ans, a reçu le premier Oscar d’honneur pour le montage en 1977. Anne V. Coates, qui a remporté un Oscar pour « Lawrence d’Arabie » en 1962, a reçu un prix honorifique en 2016. Carol Littleton sera la troisième, en reconnaissance de sa carrière prolifique qui comprend des films tels que « ET The Extra Terrestrial », « The Big Chill », « The Accidental Tourist », « Benny & Joon » et « Margot at the Wedding ».
D’origine rurale de l’Oklahoma, Carol Littleton a obtenu son baccalauréat et sa maîtrise en littérature, s’est orientée vers le cinéma lorsqu’elle a commencé à fréquenter un futur directeur de la photographie nommé John Bailey. Elle a travaillé dans la publicité et les films d’entreprise, a finalement créé sa propre maison de montage, avant d’entrer dans le syndicat des monteurs de longs métrages après avoir été engagée pour « French Postcards » parce qu’elle parle français.
Entretemps, elle a été confrontée à de nombreux défis, notamment la discrimination de genre inhérente à la structure syndicale. Des épreuves qui l’ont poussée à modifier les règles du syndicat de manière à permettre à plus de femmes et de jeunes éditeurs d’accéder au métier. Elle a été présidente du HelloMotion Picture Editors Guild (MPEG) de 1988 à 1991, une période pendant laquelle le syndicat est devenu plus ouvert et moins restrictif.
Le dernier travail de montage de Littleton date de 2018 avec le film HBO « My Dinner With Hervé ». Elle a passé les dernières années en tant que gardienne de Bailey, l’ancien président de l’Académie décédé en novembre des suites d’une maladie auto-immune. C’est donc à titre posthume que ses collègues lui ont décerné un Oscar d’honneur, non seulement pour son travail de monteuse, mais aussi pour son combat pour l’accès de davantage de personnes, et notamment de femmes, au métier du montage.
Selon Carol, le montage est un travail très solitaire, qui ne vous met pas sous les feux de la rampe et vous place plutôt dans les coulisses. Elle le voit comme un sanctuaire où vous pouvez expérimenter et prendre le temps de faire fonctionner le film, une philosophie qui peut expliquer pourquoi on compte autant de femmes monteuses talentueuses.