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Le documentaire sur le travail chez Amazon rencontre des difficultés à dépeindre son adversaire

Le 21 janvier 2024 à 12h30, nous voilà plongés dans l’ouverture de « Union », un documentaire sur grand écran présenté en avant-première à Sundance dimanche. Cette scène dépeint un cargo et une camionnette bondée de passagers dans le silence matinal. Lorsque la camionnette arrive à destination, le logo d’Amazon s’affiche au loin, insignifiant de notre société moderne, en parallèle avec les symboles de Nike, Coca-Cola et d’autres géants américains.

Dans un plan mémorable, une fusée s’élève au-dessus de l’horizon avec à son bord Jeff Bezos, le dirigeant d’Amazon. C’est à travers ces images que les réalisateurs Brett Story et Stephen Maing établissent le fondement du conflit entre les privilégiés et les défavorisés, en documentant le mouvement de syndicalisation des travailleurs d’Amazon en pleine période de Covid-19.

Au cœur de ce documentaire se trouve Chris Smalls, lauréat du TIME 100 en 2022, qui a été licencié pour avoir organisé une grève dans l’entrepôt Amazon connu sous le nom de JFK8, dénonçant le manque d’équipements de protection individuelle pour les employés. Malgré son licenciement, Smalls a réussi à co-fonder l’Amazon Labor Union (ALU), qu’il dirige actuellement en tant que président et porte-parole.

« Union » suit le combat latin pour maintenir cet élan, en mettant en avant le dévouement de Smalls et de d’autres travailleurs et organisateurs d’Amazon afin d’améliorer les conditions de travail. Leurs efforts selon eux, sont souvent ignorés par les dirigeants d’Amazon.

Malheureusement, le documentaire est si étroitement centré qu’il ne parvient pas à dépeindre de manière approfondie la raison du combat. Il manque également un lien avec d’autres mouvements de syndicalisation récents. Les informations recueillies sont anecdotiques et manquent de contexte vis-à-vis de l’histoire des luttes ouvrières aux États-Unis. Par ailleurs, le coût de la vie en hausse n’est pas pris en considération.

L’incapacité à filmer Amazon en interne est un autre obstacle que le film ne parvient pas à surmonter. Un ennemi invisible est difficile à combattre ou à critiquer. De plus, « Union » ne répond pas clairement aux politiques d’Amazon, ni n’identifie les personnes qui les mettent en œuvre ou celles qui travaillent pour écraser l’ALU.

En fin de compte, « Union » semble plus adapté à une étude de cas dans un autre documentaire plus large. Dans un âge d’or pour le cinéma documentaire, « Union » peine à s’imposer. Pour faire bouger les choses, il ne suffit pas simplement de montrer des gens qui travaillent dur, le film doit aussi convaincre les consommateurs des méfaits d’Amazon.

Regrettant le manque d’entretiens avec d’anciens employés d’Amazon ainsi que le manque de détails sur les violations commises par Amazon contre ses travailleurs, « Union » est finalement une occasion manquée et c’est vraiment dommage.

Maintenant à la vente à Sundance, « Union » mérite toute notre attention. Découvrez toute notre couverture de Sundance ici.

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