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Décryptage de l’histoire américaine à travers le prisme de la police

Le 18 janvier 2024 à 19h45, le premier documentaire de Sundance dénommé « Power » du réalisateur Yance Ford, dépose subtilement dans nos esprits le message suivant : « Ce film requiert de la curiosité, ou du moins de la suspicion ». Il ajoute : « Je vous laisse le soin de décider ». Le monde saisissant de Ford s’ouvre alors à nous comme un éclat retentissant, invitant à une prise de conscience qui ne saurait être ignorée.

« Power » est un unique dans le cinéma américain. Tout comme le functioning du système policier qu’il explore, il constitue une véritable masterclass en termes de documentaire, dont l’unique objectif est de transmettre une vérité qui reste, bien souvent, en dehors de notre portée de vue.

La structure du récit revêt une importance majeure pour permettre à un film aussi percutant de susciter notre intérêt. Ford et co-scénariste Ian Olds, présentent minutieusement l’histoire de l’ordre policier en tant qu’institution américaine. Ils racontent avec une précision d’orfèvre son évolution depuis ses racines effrayantes jusqu’à l’entité impitoyable qu’elle est devenue aujourd’hui.

Sept piliers structurent le récit, chacun faisant lumière sur un aspect essentiel de ce système global qui maintient une police imprégnée de préjugés raciaux et de classe. Cette trame narrative permet au spectateur de véritablement comprendre les subtilités de l’argumentation pour l’abolition. Après avoir vu ce film, il est difficile d’envisager une autre perspective.

Derrière le récit, surgit une équipe d’expert incroyable. Un groupe d’universitaires, de policiers, de professeurs, d’intellectuels, tous spécialisés dans leurs domaines qui confèrent un poids important à la crédibilité du film. L’interview déchirante d’une victime de contrôle et de fouille à New York ne fait qu’amplifier l’argumentaire abolitionniste de Ford.

La puissance de ce documentaire repose aussi sur son usage astucieux de séquences d’archives et d’images enregistrées par des caméras corporelles. Les scènes de violence qu’elles dévoilent sont choquantes, mais nécessairement incluses pour appuyer l’appel à l’action de Ford.

Enfin, le réalisateur nous laisse sur une impression durable grâce à l’ouverture et la clôture du film. En utilisant l’écran noir, il nous rappelle que le problème du racisme touche l’ensemble de la population noire, qui peut à tout moment, devenir la cible de ce système défaillant.

Le titre « Power » peut renvoyer à la domination écrasante de la police sur la vie américaine, mais il sert aussi d’avertissement : vous allez visionner un des documentaires les plus marquants jamais réalisés.

Le documentaire « Power » sera disponible sur Netflix. Retrouvez toute notre couverture de Sundance sur notre site.

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