Les intervenants présents lors de la discussion organisée par le cabinet d’avocats Greenberg Traurig en partenariat avec la Motion Picture Association lors du 74e Festival international du film de Berlin, étaient des sommités reconnues de l’industrie du cinéma et de la télévision. Laura Zentner, associée chez Greenberg Traurig, a modéré le débat autour du financement du cinéma allemand au-delà de 2025.
Les participants ont unanimement souligné que bien que le tournage en Allemagne offre une excellente infrastructure et un pool de talents locaux, confrontés à une bureaucratie croissante et à une proposition réglementaire en cours de discussion qui pourrait aggraver la situation, ils rencontrent des difficultés.
Stan McCoy, président et directeur général de la MPA EMEA, a ironiquement souligné que les studios de la MPA ne produisent pas des films et des séries télévisées pour satisfaire aux obligations réglementaires. Le projet de loi fédéral actuellement à l’étude, qui entrerait en vigueur en 2025 si adopté, propose un modèle de stimulation fiscale et une obligation d’investissement, obligeant notamment les studios allemands et étrangers à investir 20% de leurs recettes réalisées en Allemagne dans des productions européennes.
Cependant, des restrictions supplémentaires, notamment une limite de propriété intellectuelle de cinq ans et l’obligation que 70% des œuvres créées en allemand dans le cadre de la règle d’investissement de 20% soient en allemand, risquent de complexifier la situation et d’éloigner les créateurs des projets qu’ils souhaitent développer.
MCCoy a aussi souligné que cette réglementation pourrait forcer les diffuseurs internationaux à se mettre en concurrence avec les diffuseurs nationaux allemands, en créant du contenu qui est déjà bien produit par ces derniers. Wolf Osthaus, directeur principal des politiques publiques chez Netflix pour la région DACH, Benelux et pays nordiques, a partagé ce point de vue, ajoutant que cette réglementation pourrait réduire la flexibilité d’entreprises comme Netflix.
Les intervenants ont toutefois convenu que l’Allemagne demeure un lieu de production en vogue où les studios et les plateformes de diffusion en ligne souhaiteraient produire davantage. Ashley Rice, présidente et co-gérante des Studios Cinespace, a tout particulièrement souligné l’excellente infrastructure allemande et son personnel qualifié.
Les discussions ont également déterminé que des incitations fiscales similaires à celles des pays voisins rendraient l’Allemagne plus attrayante pour les studios et les plateformes de diffusion en ligne internationaux. De ce fait, les intervenants ont cité comme exemples positifs la Pologne et l’Espagne, qu’ils considèrent comme des modèles en termes de politique fiscale dans le secteur.
En conclusion, il existe un consensus majeur sur le besoin d’incitations fiscales en Allemagne, et ce, le plus rapidement possible. Une incitation fiscale couplée à une version plus réduite et moins complexe de l’obligation d’investissement actuellement proposée pourrait apporter un avantage économique certain au pays. Image en vedette : Charlie Rivkin, président-directeur général de la Motion Pictures Association.