La renaissance du cinéma La Clef : un projet porté par le bénévolat
Le cinéma La Clef, véritable institution du Quartier Latin à Paris, est sur le point de vivre une renaissance tant attendue. Sa réouverture, prévue pour le 14 janvier 2026, est le fruit d’années de luttes et d’engagements bénévoles. Fermé en 2018 par un propriétaire qui ne voyait plus l’intérêt d’un tel lieu, ce cinéma emblématique a su compter sur la passion de ses défenseurs. Le collectif « La Clef Revival », constitué de près de 200 bénévoles, a réussi à mettre en œuvre un projet ambitieux pour sauver et rénover ce lieu culturel incontournable.
Le parcours n’a pas été simple. À partir de septembre 2019, des bénévoles et amoureux du cinéma se sont regroupés pour occuper le bâtiment de 800 m², projetant plus de 1 300 films durant les trois ans d’occupation. Chaque projection, organisée avec l’énergie d’une communauté passionnée, avait pour but de rappeler l’importance de La Clef dans le paysage cinématographique parisien. « La Clef est un symbole de résistance face à la hausse des loyers », a déclaré Chloé, membre active du collectif.
Le chemin vers cette réouverture a nécessité non seulement une occupation physique, mais également une gestion financière solide. Avec un coût initial de rachat estimé à 4 millions d’euros, un fonds de dotation a été créé, accompagné d’une première collecte de 100 000 euros. Grâce à des centaines de dons, des artistes de renom comme Quentin Tarantino et Martin Scorsese, et de solides efforts de communication, ils ont finalement réussi à racheter le cinéma pour 2,3 millions d’euros. La motivation de ce groupe a alors rencontré un succès éclatant, et La Clef est aujourd’hui en passe de retrouver sa place de choix.
Des travaux de rénovation longs et nécessaires
Avec le rachat du cinéma, le travail ne faisait que commencer. Les bénévoles se sont lancés dans des travaux de rénovation estimés à plus de 600 000 euros. Ces rénovations étaient essentielles afin de remettre La Clef aux normes de sécurité en matière d’incendie, d’électricité, et d’accessibilité. Simon, un membre du collectif, a partagé : « Nous avons dû faire face à beaucoup d’obstacles durant ces rénovations ». Des travaux de désamiantage ont également été nécessaires, un processus qui n’est jamais simple à gérer dans un bâtiment historique.
Le collectif a également bénéficié de soutien financier de la part d’institutions telles que le CNC (Centre national du cinéma), ainsi que de la région Île-de-France et de la mairie de Paris. Ces aides ont permis d’alléger le poids financier de la rénovation et de redonner au cinéma son éclat d’antan. En mars 2025, lors d’une visite du chantier, le collectif continuait de rassembler des fonds pour compléter les dernières étapes de rénovation.
Les membres ont même fait le déplacement à New York pour rencontrer des mécènes américains, cherchant à séduire de nouveaux donateurs lors de projections dans plusieurs cinémas locaux. Cette démarche montre à quel point ce projet dépasse les frontières de Paris et touche des passionnés de cinéma à l’international. La Clef a reçu une mention spéciale lors de la Mostra de Venise en 2024, soulignant l’effort collectif pour préserver une culture cinématographique précieuse.
Une programmation alternative et collective à venir
La réouverture tant attendue du cinéma La Clef ne se limite pas à l’achèvement des travaux de rénovation. Le collectif prépare une programmation soigneusement élaborée, visant à mettre en lumière des auteurs et autrices souvent invisibilisés. Les projections seront non seulement diversifiées, mais également présentées sous une forme de prix libre, permettant à chacun d’accéder à des films qui ne se retrouvent pas dans le circuit commercial habituel. Ce modèle économique innovant répond à la volonté d’accessibilité et de partage de la culture au sein de la communauté.
Différentes associations de cinéma seront également impliquées dans l’organisation de séquences et d’événements, unifiant ainsi les passions et les intérêts autour de La Clef. Des films documentaires aux récits engagés, cette programmation a pour but de faire entendre des voix et de partager des récits du monde entier. Chaque projection sera accompagnée de discussions afin d’enrichir l’expérience des spectateurs et de favoriser un échange constructif autour des thèmes abordés. « C’est un défi précieux qui nous tient à cœur », explique Claire-Emmanuelle, confuse d’émotions.
Une des missions de La Clef sera également de conserver une mémoire collective en projetant des films d’archive. Ces œuvres et rétrospectives permettront de célébrer non seulement l’histoire du cinéma, mais aussi celle de combats sociaux. Cet engagement envers les films de patrimoine et récents témoigne d’une volonté de sensibiliser et d’éduquer le public, en particulier les plus jeunes. En effet, l’objectif de cette programmation est de redonner vie à une culture vivante et dynamique.
La Clef, un espace de transmission et de partage
Au-delà de sa fonction de simple cinéma, La Clef souhaite se définir comme un espace de transmission et de partage. Cela signifie que les événements ne se limiteront pas aux projections de films. Le collectif prévoit d’organiser des ateliers, des formations et des échanges autour des différentes facettes de la culture cinématographique. Les séances thématiques, les projections de films en présence de réalistes ou des débats permettront d’approfondir les connaissances et d’encourager un dialogue vivant entre passionnés, professionnels et le public.
Un nouveau bar a également été aménagé dans le bâtiment, créant un lieu convivial pour échanger avant et après les projections. Le café pourra devenir un point de ralliement non seulement pour les amoureux du cinéma, mais également pour ceux qui souhaitent partager des idées innovantes. La Clef ambitionne ainsi de devenir un centre culturel où l’art de la discussion et du débat autour des activités culturelles ne cessera jamais.
Les séances privées seront également possibles, offrant une alternative pour des événements spéciaux, des projections exclusives et des rencontres organisées par des entreprises ou des associations. Ce modèle économique diversifié assurera sa pérennité et sa capacité à continuer à faire vivre le cinéma à Paris.
Un symbole d’espoir pour le cinéma indépendant
La réouverture du cinéma La Clef est plus qu’un simple retour à la normalité. C’est un symbole d’espoir pour le cinéma indépendant non seulement à Paris, mais également à travers toute la France, où des établissements similaires luttent pour leur survie. Alors que la numérisation et l’omniprésence des plateformes de streaming modifient le paysage culturel, des lieux comme La Clef constituent une précieuse alternative, un espace où régler des enjeux socioculturels par le biais de la culture cinématographique.
Comme l’a souligné la maire du Ve arrondissement, Florence Berthout : « La Clef est l’un de nos cinémas d’art et d’essai iconiques ». La fragilité des cinémas d’art et d’essai face à la pression économique est un sujet d’actualité. Les luttes comme celle de La Clef sont significatives dans la quête pour préserver des lieux de culture, de partage et de créativité. La richesse du Quartier Latin repose en grande partie sur des institutions culturelles iconiques telles que celle-ci.
Les projets de transformation de La Clef doivent servir d’inspiration aux autres collectifs désireux de lutter pour leurs espaces culturels. En promouvant un modèle basé sur la solidarité, l’engagement et un fort lien avec la communauté, ces groupes peuvent rivaliser face aux défis contemporains et maintenir vivante la flamme du cinéma. Sans nul doute, La Clef va devenir un exemple à suivre, promettant à tous que le rêve peut véritablement se réaliser par le biais de l’union et de la détermination.
